Le Centre de Psychologie Clinique d'Arles a été créé en 2009 par Valérie Ravoisier, sa Directrice.
Depuis, des psychologues, diplômés et inscrits au répertoire Adeli (numéro certifiant le titre de psychologue), proposent des consultations ainsi que des stages de formation.
Ils travaillent avec les professionnels de santé, les réseaux de santé, les Tribunaux de Marseille et de Tarascon, ainsi que les établissements scolaires et pré-scolaires du secteur.
Le Centre de Psychologie Clinique est également agréé en Victimologie et en psychotraumatologie (traitement des victimes et auteurs ). Il a une spécificité celle d'être un lieu de prise en charge et d'accompagnement d'auteurs de violences conjugales et intrafamiliales.
Dans les coulisses du centre pour auteurs de violences conjugales
Depuis octobre 2010, l’association ALLIANCE PAYS D'ARLES basée à Arles, gère un Centre de prise en charge des auteurs de violences conjugales Objectif : Stopper les spirales de violences au sein du couple, protéger les femmes et les enfants victimes, modifier les comportements, accompagner au changement, faire baisser les risques de récidive, etc.
Deux fauteuils se font face. Au milieu, une boîte de mouchoirs est posée sur une petite table basse. L’atmosphère est paisible, pourtant les témoignages livrés entre ces murs sont souvent durs, glaçants.
Un dispositif imaginé par l'association Alliance PA, qui permet un suivi psychothérapeutique des agresseurs, des victimes et des enfants.
Des groupes de parole et des séances de psychologie individuelles
Depuis octobre 2010, les professionnels du centre arlésien écoutent, responsabilisent et accompagnent les bénéficiaires originaires des Bouches du Rhône, territoire du ressort du tribunal judiciaire de Tarascon mais aussi du Gard, Vaucluse. Objectif : « Faire baisser les violences et les récidives. Amorcer un changement de comportement pour ces hommes (98% des auteurs) mais assurer également une protection et un suivi psychologique aux victimes et leurs enfants, souvent témoins ou victimes également du climat de violence familiale. Nous sommes passés sur ce territoire à 26% de récidive à 8 % .. Tout changement est possible.
Violences conjugales : La justice favorable à la prise en charge des auteurs agresseurs
Le procureur de la République de Tarascon, laurent Gumbau, affirme l’importance de prendre en charge non seulement les victimes de violences conjugales, mais aussi les auteurs.
« C’est un sujet qui me tient à cœur. » Il a profité du bilan réalisé conjointement avec le préfet au sujet des actions mises en place pour la lutte contre les violences faites aux femmes, pour évoquer un sujet sensible : la prise en charge des auteurs de violences conjugales.
« Evidemment, il faut prendre en charge les victimes de violences conjugales mais certains ne sont pas convaincus de la nécessité de prendre en charge les auteurs, en disant que l’argent doit aller vers les victimes et que les auteurs doivent être sanctionnés, point final. »
Le procureur rappelle que les tribunaux français, dont Tarascon, font face à une recrudescence (+ 30 %) d’affaires de violences conjugales. Cette hausse correspond, non pas à une augmentation du nombre de faits, mais bien à une augmentation du nombre de faits révélés. « Donc, oui, il faut des sanctions, mais la peine classique ne suffit pas. Il faut donner aux auteurs l’occasion de changer de comportement. Pour cela, je crois dans la prise en charge comportementaliste par des mises en situation, par du dialogue entre auteurs de violences conjugales, sous le contrôle de spécialistes et notamment de psychologues. »
Prise de conscience
Le procureur informe qu’une association partenaire Alliance pays d'Arles met en place ce type de stages. « Elle nous explique qu’au début du stage, les auteurs de violences conjugales considèrent généralement que la justice s’est trompée, qu’elle les a accusés à tort. Mais dès lors que le psychologue aborde la question de la parentalité et des répercussions des violences sur les enfants, un certain nombre de pères reçoivent une grande claque dans la figure et commencent à changer de comportement. A partir de cette prise de conscience, on peut changer les comportements de façon durable. »
Plus de 158 personnes en 2024 auraient ainsi suivi un stage de ce type cette année. « Je n’ai pas encore le bilan, mais je sais que le nombre de réitérations est extrêmement faible après ces stages. »
Agacement
Il confie avoir suivi une formation sur l’accueil des victimes de violences conjugales. « Par le passé, j’ai pu être agacé par des femmes victimes qui déposaient plainte, la retiraient, redéposaient plainte à nouveau… C’est compliqué à gérer car psychologiquement, les situations sont complexes. On peut réagir avec de l’agacement et ne pas faire son travail en bon professionnel. »
Valérie Ravoisier, directrice d'Alliance PA explique, par ailleurs, avoir mis en place avec les services de police et de gendarmerie, une nouvelle approche :
« Traditionnellement, les policiers ou gendarmes pouvaient intervenir sur une scène de violence conjugale qui n’était pas trop grave selon leur appréciation. Ils estimaient que leur intervention avait calmé la situation et demandaient à la victime de venir dans la semaine au commissariat. Aujourd’hui, ce n’est plus du tout comme cela que ça se passe. Les policiers ou gendarmes interviennent. La personne est forcément interpellée et placée en garde à vue. Il y a systématiquement une perquisition du domicile pour chercher des armes à feu. La femme reçoit une convocation dès le lendemain. »
Les mains courantes exclues
Dans la région, les mains courantes sont désormais exclues en matière de violences conjugales. « Il y a toujours des femmes qui se présentent en voulant faire une main courante. La réponse est systématiquement négative au profit d’une audition détaillée, selon le même canevas que pour une plainte. Si, à la fin, la personne ne dépose pas plainte, ce PV d’audition est malgré tout déposé au procureur de la République et à l’association France Victimes 38. Chacun l’analyse et une décision est prise sur le fait de continuer ou non l’enquête. »
Autre indication communiquée par la directrice d'Alliance PA : la part d’affaires de violences conjugales dans les comparutions immédiates est passée de 5 % en 2018 à 13 % en 2024. « On a ainsi doublé, voire triplé le nombre d’affaires qui sont envoyées en comparution immédiate. C’est un signe. Il y a une autre voie de poursuite : la convocation par procès-verbal doublé d’un contrôle judiciaire. » Cette disposition permet d’obtenir le placement sous contrôle judiciaire d’une personne suspectée d’avoir commis des faits de violences conjugales, en attendant la date de l’audience fixée au plus tard dans un délai de six mois.